- Une fable lyrique baroque mêlant comique et fantastique
Le décor: un bosquet. Les personnages: Don
Quichotte, vêtu de son invraisemblable armure de cuisine, et son serviteur
Sancho Pança voyagent de compagnie. Don Quichotte n'aime rien tant que son
confort, il s'endort béat. Mais son réveil paisible ne dure pas, interrompu par
l'arrivée de la belle Nerina, une magicienne somptueusement parée, inquiétante,
batailleuse et franchement effrayante pour notre héros fatigué. Un combat rapide
tourne vite à la déroute pour le pauvre Don Quichotte.
Poussé par Nerina, il doit même affronter une
aventure bien peu désirée: aller conquérir un trésor en charmant sa gardienne,
une étrange statue animée qui ne pense qu'à danser. Mais Nerina et ses esprits
servants disparaissent.
Le combat de Nerina et de Don Quichotte devient
spectaculaire, notamment dans la seconde partie de l'intermède: c'est là que
l'imaginaire envahit le réel, les exorcismes et les sorcelleries de la
magicienne apportant une couleur sombre et dramatique, qui laisse présager
Cherubini et Mozart.
Un manuscrit inédit
Le
Don Chisciotte de Padre Martini est un manuscrit inédit, redécouvert par le
Conservatoire Italien de Paris à la Bibliothèque Musicale de Bologne où la
partition dormait depuis deux siècles. Aucun élément ne fait état d'une
représentation à l'époque: sa re-création pour le public d'aujourd'hui est
peut-être une première exécution en absolu.
Composé en 1746, cette charmante fable lyrique est l'une
des oeuvres théâtrales les plus originales de Padre Martini, qui fut l'une des
plus grandes autorités musicales du XVIIIème siècle et l'un des professeurs du
jeune Mozart.
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• Des artistes confirmés, de somptueux
costumes
Ce Don Chisciotte de G.B. Martini (1706-1784)
appartient à la catégorie des intermezzi (intermèdes), ces courtes fables
lyriques qui étaient représentées entre les actes des interminables "opera
seria". Ils étaient plus que toute oeuvre faits pour plaire, car ils étaient
conçus pour donner aux spectateurs un moment de détente et d'évasion loin des
drames des dieux et des déesses de la mythologie.
L'oeuvre est servie en outre par les somptueux costumes
imaginés par le costumier, décorateur et arionnettiste catalan Rafael Esteve. Ceux qui ont vu un seul de ses spectacles ne peuvent
jamais oublier les superbes collerettes ou crinolines toujours pleins d'humour
et d'élégance, complétés par les accessoires les plus fous, les tissus les plus
chatoyants, les extravagants masques et chapeaux qui conviennent si bien à
l'esprit délirant du théâtre baroque.
Giovanni
Battista Martini
né à Bologne en 1706 et ordonné prêtre en 1729,
représente presque l'archétype du savant et de l'artiste des Lumières. Directeur
de la prestigieuse Accademia Filarmonica de Bologne, il fut pratiquement la plus
grande autorité musicale de son siècle. ll entretint des relations avec les plus
grandes personnalités de l'époque (Gluck, Rameau, Metastase, Frédéric le Grand,
Johann Christian Bach et le petit Mozart). Sa monumentale Histoire de la Musique
et son Traité de Contrepoint font encore référence. Il est trop peu connu pour
son activité de compositeur, qui sera ainsi remise à l'honneur |